Bonjour à chacune, chacun et aux autres,
Une petite histoire d'extase pour commenter cette réflexion de Gilles Farcet :
“Ah le statut… Redoutable, ça, le statut… Redoutable, parce que, en matière de maturation spirituelle, il n’y a pas de statut qui tienne, hormis celui que les autres vous accordent, et auquel il est périlleux d’un tant soit peu s’identifier.”
Abu Bakh (Dieu veille sur lui !) cheminait un matin avec quelques disciples. Le sage allait devant, assis sur son baudet. Les autres étaient à pied. Comme ils allaient ainsi, l'âne lâcha un pet. Bouleversement d'Abu Bakh. Il poussa un gémissement d'amant éperdu de bonheur, il se déchira la chemise, la face au ciel, riant, pleurant.
- Seigneur, dit-il, comme je T'aime ! Comme tu parles juste et clair dans ton infini compassion.
Ses disciples se regardèrent, déconcertés, les sourcils hauts.
L'un d'eux osa lui demander :
- Maître, que vous arrive-t-il ? un âne pète et Dieu vous vient ? L'air nous manque, expliquez-nous vite !
Il répondit :
- Mes chers enfants, comme nous allions sous la brise, l'âme en paix et le corps aussi, je pensais : “Je chevauche droit, bien au chaud, dans mon grand manteau, mes disciples sont là autour, trottinant au plus près de moi. Ils sont discrets, ils me respectent, ils se disputent le plaisir de tenir la bride de l'âne. Décidément, je suis quelqu'un. Voilà comment, le jour venu, je rentrerai dans la haute gloire de la résurection des saints !” Comme je me disais cela, l'âne péta. Réponse brève à ma litanie d'âneries, mais d'une justesse si pure que l'extase m'en est venue.
Extrait de “L'Amour Foudre” par Henri Gougaud